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La fin du nerf
29 janvier 2012

Les racines du mal

       « Vous allez passer au bac avec Sylviane » me dit-elle. Je regarde s’éloigner son gros derrière rebondi,  qui me semble un brin prétentieux pour la saison, mais c’est peut-être la mode qui veut ça. Je me laisse recouvrir d’une matière plastique et translucide. Contempler mon reflet dans l'emphatique miroir mural fait naître en moi des images saugrenues,  toutes désobligeantes. Je ne sais déjà plus comment cacher mes mains molles et glacées.

      « Alors, qu'est-ce qu'on fait aujourd’hui ? » Sûre d'elle même. Conquérante. Je cherche en vain une réponse convenable : elle semble bel et bien compter sur moi pour organiser l'après-midi ! La peur de la décevoir m'étreint. Je suis troublée.  Je crains de voir se flétrir le lien ténu, à peine esquissé qui semble s'être installé entre nous.  « Pour les racines, je veux dire, qu'est-ce qu'on fait ? ».  Que faire, en effet, pour ses racines ? J’espère qu’elle n’a pas remarqué que je ventile trop. Je tente de résister : « Une mini vague ? ». Le molosse pervenche se penche, et son parfum agressif, sucré à l’excès, s’implantera dans ma mémoire comme l’odeur de l’humiliation même. Sans chercher à dissimuler son mépris, la vipère saisit ma chevelure à pleines mains et me souffle : « C’est que les longueurs sont très abîmées ! Et puis, avec votre nature de cheveux, on ne peut tout de même pas faire de miracle! »  Je capitule: « Faites comme vous voulez, alors ».  

 

Anne Frange, Journal

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Commentaires
D
Y'a pas à dire, la force du vécu, ça vous retourne de l'intérieur.
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