Les transports en commun, il est vrai, ne récoltent pas toujours mes suffrages. Dans une rangée longue comme un apéro-dinatoire, elle gisait à mes côtés, flanquée de son avatar dégénéré. Elle vociférait et déformait ainsi (si c'était encore possible) sa face de gauffre molle maquillée comme un panda essoré. Son regard chiasseux de Basilic mort-né louchait sur mon plateau-repas tandis que sa bouche crispée telle une pince épilatoire dévidait des torrents de rinçures. Réprimant des haut-le-coeur, je louais (une fois n'est pas coutume) le Grand Miracle numérique, heureux pourvoyeur d'autistiques casques audio. La lecture de la brochure duty-free m'apparut comme la dernière alvéole pulmonaire viable d'un noyé.
Elle n'aurait pas dû soulever de sa main velue un de mes écouteurs. Surtout pendant mon roboratif coma post-prandial. Carnage, chaos, rivières de sang et fleuves de larmes, deltas de haine et de fureur allaient déferler.
Et bien non.
Sans un mot, sereinement, avec célérité et grâce, j'abattis alors le tranchant de ma main sur son nez, projetant le maximum d'esquilles d'os dans son cerveau marécageux. Son rejeton, glaise pitoyable vomie par des regrets et autres phantasmes au rabais, ne moufta pas. Une bonne chose de faite.
Un profond soulagement m'envahit car en définitive, comme l'aime à le répéter mon grand ami Fullup: " il y a dans le sentiment de culpabilité une présomption démesurée."
Joe le taxi